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« Littérature africaine : les livres sont-
La littérature, il faut le relever d’emblée, est un art. Elle repose en conséquence sur la quête du beau. Ses préoccupations étant d’ordre esthétique, l’écrivain doit avoir pour souci premier de rendre son écriture, belle, travaillée, imagée. En œuvre, l’œuvre littéraire doit transcender l’anecdote pour emprunter le chemin de l’allégorie et de l’esthétique. Quelque soit le genre, dès lors qu’il est étiquette par l’adjectif « littéraire » c’est qu’il sort de l’univers du quelconque et du vulgaire. La littérature est faite pour les initiés. Elle est loin d’être un texte « profane », populaire, vulgaire, pragmatique. Ceux qui exigent de l’écrivain qu’ils produisent des œuvres pour « tout le monde », en réalité, l’invitent à sortir de son univers pour en embrasser un autre. C’est comme si l’on demandait à l’albatros, « le prince des nuées » de quitter sa patrie éthérée pour venir élire domicile sur « les planches », le théâtre de la platitude, de la vulgarité et de la matérialité. Demander à l’écrivain de ne pas écrire comme il écrit revient à « l’assassiner », à lui infliger une mort symbolique. La littérature c’est bien la littérature. Il ne résume pas à un contenu, un message à passer. Ce n’est pas du journalisme dont le but premier est d’informer.
Il faut par conséquent refuser le nivellement par le bas. C’est au public de s’élever par la formation, l’effort et la persévérance pour s’approprier de l’œuvre littéraire. C’est d’ailleurs pour cette raison que les professeurs de lettres et les critiques littéraire servent de relais. Si les premiers écrivains avaient pour souci d’écrire des textes selon l’attente du public, ou des textes à la portée de la multitude, la littérature aurait déjà disparu perdu son prestige.
La littérature dont la matrice est la poésie est une récréation, comme le dit Bernard Zadi. Le créateur, selon lui met et doit mettre les mots en rébellion. Le texte littéraire, le vrai, sera toujours un texte « sacré », sublimé, raffiné, épuré.
Je suis loin de défendre les textes hermétiques, austères et « fermés ». Je suis loin de plaider en faveur de Mallarmé ou Réné Char. Je suis de ceux qui pensent que le recours aux mots rares ou inconnus ne suffit pas pour assurer la littéralité d’un texte. La beauté de Cahier d’un retour au Pays Natal jugé hermétique réside plus dans le rythme et les images des vers de Césaire que dans son lexique « fermé » et recherché.
Par ailleurs, une autre question, d’emblée, mérite d’être posée : est-
Si du « trop sacrée », les œuvres africaines deviennent même simplement « sacrées » voire profanes, cela ne changera en rien l’habitude des Africains. Le problème de la non-
Il est clair donc que ce n’est point la désacralisation des lettres ivoiriennes qui va faire enfler l’effectif des lecteurs. Nous avons besoin de vrais écrivains qui honorent la littérature pour maintenir le peuple en éveil et participer à aiguiser ses goûts esthétiques. Un écrivain est à la fois un séducteur et un pédagogue. Le délester d’un aspect de sa fonction revient à réduire son prestige. Que les écrivains continuent de produire des œuvres littéraires de qualité. Et que les gouvernants réfléchissent sur les voies et moyens susceptibles de pousser la majorité des Africains à la lecture.
Macaire Etty