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Historique de bobo-dioulasso

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Sya, l’accueillante
Histoire et légende

A l’origine, était Sya qui deviendra plus tard Bobo-Dioulasso qui signifie littéralement «la cour des Bobo-Dioula». Cité très ancienne, Bobo-Dioulasso jouera un rôle prépondérant pendant la période coloniale et sera la première commune du Burkina et sa capitale économique.

La fondation du village de Sya se situe aux alentours de 1 050. Sa majesté Mpa Yacouba SANOU, actuel chef suprême des Bobos-Mandaré est le gardien de la tradition de ce peuple. Selon Siriki SANOU, son fils et porte-parole, le fondateur de Sya est venu du Mandé (actuel Mali). Un jour, il a eu une révélation en songe qui lui a recommandé de se déplacer vers un endroit indiqué par un oiseau. Tout ce qu’il sait, c’est que l’endroit du rêve est situé entre deux cours d’eau. Ce fondateur de Sya dont on tait volontairement le nom suivit les recommandations reçues en rêve. Il partit à la recherche dudit endroit. Il marcha des jours et des jours, des mois et des mois. Il passa par Satiri et atteignit un village nommé Timina. Il y passa un bon bout de temps ne sachant plus vers où se diriger. Durant son séjour à Timina, il rêva à nouveau et l’oiseau lui indiqua le chemin à suivre. Cette fois, ses pas le guidèrent vers la rivière Dafra ; mais ce ne pouvait être là d’autant qu’il n’y avait point de second cours d’eau. Il pria le bon Dieu en ces lieux et fut alors guidé vers Dioulassoba. Il repéra effectivement les deux cours d’eau en question (le Houet et le Sayon). Il y bâtit sa première maison à Konsaso. La maison-mère, comme on l’appelle, existe toujours de nos jours à Dioulassoba. Le fondateur de Sya vécut dans l’abondance et eut trois fils (Balla, Zara, Monmonrô). Il vivait paisiblement avec son peuple dans cet endroit à la forêt luxuriante et au gibier abondant. Un jour, alors qu’il se promenait dans la forêt, il fut surpris de croiser un chasseur qui puisait de l’eau dans l’un des cours d’eau. Après renseignement, il apprit que le chasseur venait d’un village qu’on appelle Colsama et qu’il chassait fréquemment par là. Il s’abritait sous un arbre, séchait sa viande et au bout de trois à quatre jours, il rentrait chez lui à Colsama. Le fondateur de Sya proposa de lui offrir son hospitalité. Le chasseur accepta volontiers. Ils vécurent ensemble pendant longtemps dans l’harmonie. Au fil des temps, la population s’est accrue et, du fait des antagonismes, ont fini par s’imposer des guerres de conquête. Il y a eu plusieurs guerres dont celle qui vit la défaite de Tiéba OUATTARA à Bama, la guerre des Kpagala, … jusqu’à ce que le colonialisme prenne le dessus…

Le passage de Samory TOURE à Sya
Lorsque l’Almamy Samory TOURE est arrivé à Sya, il y a trouvé l’imam Sakidi SANOU qui a construit la mosquée de Dioulassoba en 1880. Ce sont deux promotionnaires de l’école coranique qui se connaissaient très bien pour avoir étudié chez le même maître.
Quand Samory a su que Sya était la ville de l’imam Sakidi, il a renoncé à l’attaquer. Mais son fils très belliqueux n’était pas de son avis et voulait passer à l’offensive. Sakidi SANOU demanda alors la permission à son père (Samory) pour faire un tour avec lui un peu hors de la ville. Samory accepta. Sakidi l’amena devant une termitière et à l’aide de son chapelet, il récita des formules, la termitière se fendit et toutes les termites se transformèrent en intrépides guerriers dont l’un invita le fils de Samory au combat. Ils luttèrent toute une journée sans qu’il ait le dessus. Après cette démonstration de force mettant en évidence les forces occultes dont disposaient les habitants de Sya, la troupe de Samory venue conquérir la ville préféra y renoncer car c’était trop risqué d’engager le combat avec un tel adversaire… C’est plus tard que les colonnes françaises de la colonisation vont finir par s’imposer aux habitants de Sya, confisquant alors le pouvoir. Le colonisateur pour mieux assurer son commandement devra s’associer des auxiliaires, c’est ainsi qu’il nommera des chefs traditionnels sur qui il s’appuiera.

L’attaque de l’hôtel Dallet en octobre 1941
Nous sommes en 1941. La France est occupée par les Allemands. Le régime de Vichy signe l’armistice avec l’Allemagne et accepte l’occupation. Le général De GAULLE s’exile en Angleterre d’où il va lancer son fameux appel du 18 juin 1940. L’Afrique occidentale française était vichyste. Selon l’historien Bruno Doti SANOU, la première résistance à rejoindre De GAULLE en Afrique occidentale est venue de Bobo-Dioulasso. «A l’époque, c’était une ville très surveillée. Ces fuites de militaires pour rejoindre De GAULLE firent un écho dans la ville. Des gens ont pensé que le moment était venu de rompre avec l’occupation coloniale. Des musulmans, dont le chef de file affirmait avoir reçu un message de La Mecque pour en finir avec les colons, ont monté un groupe qui est allé massacrer cinq Européens blancs à l’hôtel Dallet. C’était le 03 octobre 1941».

Des Noirs qui ont eu l’audace de tuer 5 Blancs à cette époque, c’était vraiment du jamais vu. Mais ces morts ne sont pas restés impunis. Dès qu’ils ont été arrêtés, les assassins ont été fusillés publiquement. Et l’administration coloniale ne s’est pas limitée à cela. «Le chef de canton de l’époque, Adama SANOU et plusieurs autres chefs autochtones ont été déportés en prison en Côte d’Ivoire. Bobo était devenue une ville policière. Le plus grand service de renseignements se trouvait à Bobo»; ajoute Bruno SANOU. Selon Siriki SANOU, le fils de Mpa Yacouba SANOU, le marabout qui est à l’origine de cette tuerie voulait anticiper l’indépendance des Noirs. Aucun chef traditionnel n’était au courant de cette attaque. «Ils ont été arrêtés alors qu’ils étaient totalement innocents. Ils ont été déportés à la prison de Tabou en Côte d’Ivoire. Après avoir purgé leur peine, seuls 4 personnes dont le chef de canton Adama SANOU, sont revenues. Les autres sont décédés…»

Qui était Guimbi OUATTARA de Bobo ?
Selon le porte-parole du chef suprême des Bobos, Guimbi OUATTARA était la fille de Bamory OUATTARA. Son ancêtre est venu de Kong en Côte d’Ivoire. «C’était une dolotière. Elle accueillait plusieurs étrangers chez elle dans son cabaret qui était très réputé. Elle avait de bonnes relations avec les Blancs et lorsque ces derniers avaient des problèmes, elle était prête à leur offrir le gîte. L’objectif des OUATTARA, à l’époque, était de brouiller les Blancs et les Bobos afin de profiter de la situation et avoir le contrôle de Bobo.
Un jour, après qu’un OUATTARA ait fait la navette en tant qu’interprète entre les Blancs et les Bobos, la guerre finit par éclater, malgré la bonne foi des Bobos.
Pour montrer qu’ils sont pour la paix, ils ont remis un coq blanc à l’interprète pour le remettre aux Blancs. Mais en route, celui-ci égorgea le coq, se tacha le corps de son sang avant d’aller à la rencontre des Blancs en pleurs. Il expliqua qu’il a été victime d’un lynchage parce qu’il voulait éviter la guerre. Excédés, les colons blancs utilisèrent les canons. Le premier coup est allé jusqu’à Bindougousso ; le deuxième a fauché l’imam Sakidi SANOU alors qu’il s’apprêtait à aller prêcher la paix et la compréhension avec les colons».
L’historien Doti Bruno SANOU ne dit pas autre chose. «Guimbi OUATTARA était une femme de marque. Elle n’était pas princesse comme on le dit généralement. C’était une femme de relation publique. C’est dans ce sens que lorsque le premier explorateur Binger remontait de Kong vers Bobo, on lui a recommandé Guimbi OUATTARA puisque son grand-père était de Kong. Elle a reçu Binger et bien d’autres explorateurs français à Bobo. Elle les a protégés et elle leur a donné des guides pour continuer l’exploration du pays. C’est de là qu’elle a eu cette réputation au-delà des frontières, grâce aux Français.
Sa cour à Kombougou était une cour publique. On y vendait de l’hydromel. Tout le monde venait y boire. Elle détenait des renseignements sur la région de Bobo et comme elle était en contact avec les Blancs, elle les leur livrait.
Ses renseignements ajoutés à ceux de ses cousins notamment Betiaba OUATTARA, ont permis à la France d’occuper Bobo-Dioulasso sans trop de dépense et sans trop de résistance. Grâce aux renseignements qu’ils avaient, les Français ont su opposer les chefs de guerre les uns contre les autres pour les affaiblir. Après avoir neutralisé Tiéfo AMORO qu’ils ont opposé à Samory TOURE, les Français occupent Bobo en 1897 sans trop de difficultés».
La même année, ils y fondent un poste administratif. En 1904 la cité de Sya prend le nom de Bobo-Dioulasso. Elle est érigée en commune mixte en 1927, commune de plein exercice en 1954 et commune urbaine en 1960. De 2 500 habitants en 1897, Bobo comptait plus de 500 mille habitants en 2008..o

Drissa KONE à Bobo-Dioulasso



Hauts-Bassins
Zoom sur les potentialités économiques

Bobo-Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso, est une ville aux potentialités économiques certaines. En sus des atouts qu’elle capitalise, la ville est le réceptacle des produits divers venant de partout de la région des Hauts-Bassins et celles environnantes pour leur transformation, commercialisation et consommation.

L’atout principal de la région des Hauts-Bassins est essentiellement l’agriculture. Ainsi, elle est la première productrice nationale de coton. Ce coton est transformé en fibre dans les usines d’égrenage disséminées dans les villes de Bobo, Houndé, Banfora, Dédougou, Solenzo, Ndorola, Kourouma, Bondokuy. L’usine de Bobo assure l’égrenage de la plus grande partie de la production et organise son exportation vers l’étranger. D’ailleurs, une unité de filature à Bobo, pilotée par des investisseurs indiens, sera bientôt opérationnelle. Selon le directeur régional de l’Economie et des Finances des Hauts-Bassins, Monsieur François d’Assises DEMBELE : «C’est ce qui nous manquait» car effectivement il y a de grandes pertes lorsqu’on exporte la fibre de coton à l’état brut. Pour lui, «maintenant qu’on va avoir une unité de filature, cela va entraîner de la valeur ajoutée à notre production cotonnière par la création d’emplois». L’économie de la région étant tributaire du coton, cette unité de filature va amener un effet d’entraînement dans la filière. Outre la fibre, il y a la graine de coton qui est utilisée par les nombreuses huileries qui produisent non seulement l’huile mais aussi les tourteaux qui rentrent dans l’alimentation du bétail. Concernant l’élevage, le Directeur régional soutient que la région talonne de très près celles réputées comme zone d’élevage. Aujourd’hui, les Hauts-Bassins n’ont pas grand chose à envier au Sahel où à l’Est, compte tenu des ressources naturelles qui sont disponibles. Du reste, les phénomènes de transhumance y mènent les animaux qui ont fini par s’acclimater à la région pour en faire de nos jours une région d’élevage par excellence. Bobo-Dioulasso étant une zone de consommation, l’élevage est en train de s’intensifier selon M. François d’Assisses DEMBELE, «de plus en plus, des unités d’élevage semi modernes (assez intensive) sont créées autour de Bobo». Ces unités produisent du lait pour la consommation locale.
Il y a aussi l’arboriculture qui est développée surtout dans la partie Sud de la région notamment dans la province du Kénédougou et une partie du Houet. C’est le verger du Burkina par excellence avec une importante production de mangues et d’agrumes.
Cette situation avait occasionné la création d’une unité de transformation de ces produits (Dafani) qui malheureusement est aujourd’hui fermée. Mais l’espoir d’une reprise des activités est permis si on en croit le gouvernement qui s’emploie à remettre les choses en place.
A côté des cultures de rente, la région est aussi une grande productrice de céréales. «Contrairement à ce qui se dit, il y a une corrélation entre la production cotonnière et celle du maïs», soutient M. DEMBELE.
Il y a également le riz avec les plaines aménagées qui existent dans la vallée du Kou, à Banzon… Un programme de petites irrigations est développé à travers la région sans oublier la culture du riz pluvial qui se développe. En tout cas, grâce aux actions développées par l’Etat pour soutenir la filière en apportant des intrants et des semences améliorées, on arrive à produire assez de riz actuellement dans les Hauts-Bassins.

Bobo-Dioulasso, ville-carrefour dans un pays carrefour
En plus des unités de transformation agro-alimentaire installées dans la ville de Sya d’autres évoluent dans le secteur des oléagineux (SN Citec), de la métallurgie (CBTM), du tabac (Mabucig), du plastique (Fasoplast), de la chimie (SAPHYTO)…
Il faut noter que la situation géographique de la ville de Bobo est un grand atout : elle est située au carrefour de l’Afrique de l’Ouest et de l’Ouest du Burkina. C’est une zone de transit obligée qui met en contact les pays de l’intérieur (Mali, Niger) avec les pays maritimes de la sous-région. «Dans les orientations actuelles du développement de notre pays, le gouvernement veut faire rejouer à Bobo-Dioulasso, ce rôle central de pivot où on peut développer beaucoup de services (comme le transport et tout ce qui l’entoure)». C’est la crise ivoirienne de septembre 2002 qui avait un peu atténué cet élan de la ville de Sya avec le chemin de fer qui avait connu des difficultés. Certaines unités industrielles qui s’approvisionnaient en Côte d’Ivoire ont eu des difficultés. Heureusement que les choses sont en train de reprendre la bonne direction.
Dans le souci d’équilibrer le développement, le gouvernement burkinabè avait initié un programme pour relancer l’économie de Bobo élargie au grand Ouest. L’un des grands projets de ce programme fut la création de l’Université polytechnique de Bobo (UPB).
Dans ce programme de relance, il y a un certain nombre de projets que le gouvernement suivait de près pour désenclaver la région par la construction de routes et créer les conditions d’une vraie relance de l’économie.
Avec l’université à Bobo, cela a eu un effet d’entraînement. Aujourd’hui, il existe près de 5 instituts de formation supérieure à Bobo-Dioulasso. « Du simple fait que l’UPB s’est implantée à Bobo, le privé a emboîté le pas ». Ce qui fait qu’aujourd’hui toutes les conditions sont réunies pour créer un pôle de croissance et d’excellence à Bobo-Dioulasso avec l’UPB et le Centre hospitalier universitaire Souro Sanou.
Au moment du lancement du programme de relance de la ville de Bobo, il n’y avait pas encore le processus de décentralisation. Mais aujourd’hui, les choses ont évolué avec la communication intégrale. L’Etat donne désormais le pouvoir à des collectivités territoriales qui peuvent passer leur marché au niveau local et s’occuper du développement local. La déconcentration fait également partie de ce programme de relance. Au niveau de Bobo, pratiquement tous les ministères sont représentés. Cela permet au secteur privé de pouvoir travailler normalement et ne pas se rendre à Ouagadougou à tous les coups pour résoudre des questions qui peuvent être traitées sur place au niveau local. «C’est ça qui crée les conditions pour un développement local … Actuellement ça bouge à Bobo», selon François DEMBELE qui pense qu’il y a de l’espoir pour cette ville.
«A force de crier que ça ne va pas à Bobo, on ne voit pas venir le changement. Ce qui risque de se passer, c’est que d’autres viendront d’ailleurs pour exploiter toutes ces belles opportunités qui se présentent pour les Bobolais». Avec ce qui est en train d’être réalisé dans le cadre du cinquantenaire de notre indépendance à Bobo, cela va assurément apporter un plus dans l’économie de la région. Sans oublier les projets qui sont en perspective comme le barrage de Samendéni qui va encore donner d’autres opportunités qu’il faut savoir saisir.
Le problème à Bobo, c’est, selon le Directeur régional de l’économie, que la formation technique et professionnelle suive pour que les gens puissent tirer le maximum de profits des opportunités qu’offrent la ville de Bobo et sa région.

Drissa KONE / Bobo Dioulasso

L’histoire des taxis de Bobo

Lorsqu’on évoque l’histoire des taxis dans la ville de Sya, les anciens se rappellent un certain Mamadou «Gganimani». C’est lui qui serait, selon EL hadji Sourakata SANOU, un ancien «taximan» de Bobo-Dioulasso dans les années 60, le premier à exercer ce métier dans cette ville.

«J’ai connu Mamadou «Gbanimani» (chaud-chaud en dioula). Il avait deux voitures : une «Babi» (citroën) et une Peugeot 302. Lors des festivités de l’indépendance de la Haute-Volta, le 05 août 1960, il faisait partie des taximans qui ont défilé à Ouagadougou avec leur taxi devant le président Maurice YAMEOGO et ses invités». Bien avant les indépendances, le père des «taximans» de Bobo étaient déjà sur le terrain.
A cette époque, il n’y avait pas assez de voitures dans la circulation. Le carburant était moins cher et l’acquisition d’une voiture n’était pas compliquée pour quelqu’un qui avait les moyens. Pour payer une Renault 4 toute neuve par exemple, il fallait débourser la somme de 750 mille FCFA. Les concessionnaires étaient sur place à Bobo (CICA, AUBARET…). Avec une avance de 250 mille FCFA, on pouvait vous céder une voiture neuve et le reste payé à tempérament.
A l’époque aussi, Bobo était une plaque tournante du commerce et de la politique dans la sous-région. Les taxis étaient donc indispensables pour assurer le déplacement dans la ville. C’est avec nostalgie que ladji Sourakata SANOU, aujourd’hui président du syndicat des «taximans» évoque le bon vieux temps. «Le taximan était une sorte de star, de gentleman, à cause de sa courtoisie envers les clients». Mais aujourd’hui le métier de taximan est fortement dévalué. Les gens ne le font plus par passion. C’est maintenant devenu un point de chute pour les travailleurs qui perdent leur boulot. «Un individu peut se lever aujourd’hui, s’acheter une voiture, la peindre et la mettre en circulation s’il a le permis de conduire». Cette situation a engendré une saturation du secteur. Toute chose qui favorise une prolifération de brebis galeuses. Les «taximans» n’ont plus une bonne presse tout simplement parce qu’ils ne sont pas organisés.
beaucoup de «taximans» de Bobo ne sont pas affiliés au syndicat. «Lorsqu’il y a des problèmes et que les clients viennent se plaindre au bureau du syndicat, il arrive qu’on ne puisse pas identifier le chauffeur de taxi qui est concerné», regrette le président SANOU…
A l’approche du cinquantenaire, le président a exhorté tous les «taximans» de Bobo à adopter des comportements exemplaires. Il souhaite que chacun travaille en toute dignité en mettant en avant son intégrité afin que les étrangers qui viendront faire la fête avec nous, repartent avec de bons souvenirs des «taximans» de Bobo. «Autrefois, les taximans étaient très courtois envers leurs clients. Ils les respectaient très bien car ne pas le faire c’est comme scier la branche sur laquelle l’on est assis». Fait remarquer leur président de syndicat.
Le taximan est un homme généralement bien informé. Lorsqu’un étranger débarque pour la première fois dans une ville, son premier contact c’est généralement un taximan. celui-ci connaît le bon étranger et le mauvais, c’est pourquoi le président Sourakata SANOU insiste sur la nécessité de travailler en synergie avec les forces de sécurité. «Parfois, il arrive que les forces de sécurité s’appuient sur un taximan pour démasquer des étrangers malfrats».
L’importance des «taximans» n’est donc plus à démontrer. Il leur appartient de prendre leur métier au sérieux et de penser comme Martin Luther KING qui disait: «il n’y a pas de travail satisfaisant, tout travail qui aide l’humanité a de la dignité et de l’importance ; il doit donc être entrepris avec une perfection qui ne recule pas devant la peine».o

Drissa KONE à Bobo-Dioulasso

Débuts difficiles du berceau du football

Bobo-Dioulasso demeure incontestablement le berceau du football burkinabè. La ville, carrefour de l’AOF avant les indépendances, connaissait un dynamisme au plan politique et économique notamment qui a permis l’éclosion de nombreux clubs de football. La pratique de ce sports était rentrée dans les mœurs des Bobolaises.

C’est en 1935 que fut créée, à Bobo-Dioulasso, la première équipe de football sur l’initiative d’un certain Robert alors directeur de la Compagnie française de la Côte d’Ivoire (CFCI) et avec le concours de Ghanéens, Togolais et Béninois employés par ladite compagnie. L’équipe, dans un premier temps appelée Togo-Daho, fut baptisée par la suite Union sportive bobolaise (USB).
Elle disputait régulièrement des matchs avec l’équipe militaire, surtout à l’occasion des grandes fêtes françaises (fête du 14 juillet, fête de la Sainte Jeanne d’Arc et les fêtes chrétiennes), et cela jusqu’en 1939. Progressivement, le Père Germain NADAL, Père blanc du Vicariat Apostolique de Bobo, constitua de son côté une équipe pour le Vicariat. Les archives du diocèse attestent que dès 1941, l’équipe du Père NADAL livre des matchs contre l’USB et la formation des militaires lors des grandes fêtes. En cette même année, furent créés la Trypano athlétique club (TAC) et l’Aile de fer, équipe dissidente de l’USB. Pour mieux structurer le football, les supporters procédèrent à la mise sur pied du premier district (organisation de base du football au niveau de l’AOF) dirigé par Lucien SANGA le chef de bureau des finances et du matériel de la Trypano. C’est grâce à lui que Bobo sera dotée de son premier stade entouré de seccos. Le district commença les premiers tournois de six.
En avril 1948, Ousséni DIALLO, rentrant de formation de la Côte d’Ivoire où il avait joué au football, participa à la création de l’Association des fonctionnaires de Bobo avec Etienne MOBIO (un Ivoirien), Tiémoko CAMARA et André TALL. Le premier président du club fut Vincent RAOUL. Pour renforcer l’équipe, ils débauchèrent de Bobo Sport Issaka TANLE, Bakary BAGAYOKO et Yarba KONATE. A ses débuts, l’équipe ne regroupait que des agents de l’administration publique, d’où le nom d’Association des fonctionnaires de Bobo, nom trouvé par N’Golo TRAORE. Tous les joueurs recrutés étaient embauchés à l’administration.
En 1949, Sanny Mamourou SANOU, fondateur de Bobo Sport succéda à Lucien SANGA à la tête du district. Il eut comme vice-président Gabriel TRAORE. L’effectif des équipes s’accrut avec la création du Racing club de Bobo, fruit de la fusion entre l’Union sportive de Bobo, décadente et l’Union soudanaise regroupant de jeunes Maliens. Les initiateurs de cette fusion sont, entre autres, Karamoko TOURE dit Dubois (le premier capitaine du RCB), Moussa NAMOKO, Ekwe, etc. Le nom Racing club fut choisi en référence au Racing club de Paris. Il existait aussi un Racing club à Bamako, à Conakry, à Dakar…
Rapidement le football devient un sport de masse à Bobo, et M. ROSSI, directeur de la CAMICO et président du district affilie les clubs de la ville de Bobo à la ligue de football d’AOF, rattachée à la Fédération française de football communément appelée 3F. Nous sommes en 1950. L’association sportive des fonctionnaires, qui représente le district en coupe d’AOF, s’incline face à la Jeanne d’Arc de Bamako dirigée par le Père BOUVIER de la société des missionnaires d’Afrique (Pères blancs).
De 1950 à 1953, Bachirou NIANG préside le district. Grâce à lui, Bobo est dotée du stade Wobi actuel, inauguré le 07 janvier 1952, lors de la grande foire. Le football connaît un essor dans les quartiers et les services. C’est en cette année 1952, que la population assiste à son premier match international en coupe d’AOF qui opposa le Racing club de Bobo au Richelieu de Bamako ; match perdu par les Bobolais.
De 1953 à 1954, Corneille BOUSSARY est élu président du district et de 1954 à 1955 lui succède Vincent RAOUL. Durant cette période, naissent plusieurs équipes à Bobo-Dioulasso. Léon COMPAORE ayant démissionné de la Jeanne d’Arc en 1950, fonde l’ASRAN au sein de la régie du chemin de fer Abidjan-Niger. Le commissaire MOAZAN fonde de son côté le Stade Olympique, une équipe essentiellement composée d’Européens. Elle ne fera pas long feu. L’équipe Jeunesse est fondée par Ali HAÏDARA, employé à la PEYRISSAC. Elle compte en son sein plusieurs Sénégalais et Maliens. A Kombougou, Tidiane FOFANA constitua le Foyer. En 1956, Maître Germain LIGAN organise le club athlétique de Bobo. L’école Jamot crée également son club. Bobo compte alors 13 équipes en tout si on tient compte de Renaissance club de Darsalamy, de Espoir et de Guimbi.
De 1958 à 1960, le district de Bobo-Dioulasso est dirigé par André Flottes de POUZOLLES. Sous son mandat, le football connaît un essor. Des équipes de Bobo participent au quart de finale de la coupe de l’AOF. En 1958, Bobo Sport est demi-finaliste et affronte l’équipe de Niamey au stade de Bobo. Elle perd le match après la blessure de son meilleur buteur, Bassoungalo TANOU.
Les équipes du district disposaient de peu de moyens jusqu’en 1954-1955, date à laquelle la commune accorda une subvention de 50 mille FCFA à chaque club de première division. Avant cela, les équipes dépendaient d’elles-mêmes…o

Source : «Football à Bobo-Dioulasso 1935-1993. Des années de gloire à l’essoufflement» du Centre africain de recherche pour une pratique culturelle du développement (CAD). Sous la direction de Bruno SANOU Doti.o

Drissa KONE/ Bobo-Dioulasso

Anselme Titianma SANOU, Archevêque de Bobo-Dioulasso
“Il n’y a pas une paix pour les Bobos et une autre pour les Haoussas”

Dans le monde chrétien catholique, on ne se bat pas pour partir ou ne pas partir à la retraite. Un chrétien est chrétien pour toujours. Monseigneur Anselme Titianma SANON est en train de partir à la retraite de son mandat à la tête du diocèse mais pas comme évêque. «Ça c’est jusqu’à la mort». Les conseils que le locataire de Lafiaso a donné à notre confrère de la RTB/Ouest Félix OUEDRAOGO et sa famille qui étaient à Laafiaso (la résidence de l’archevêque de Bobo) pour une cérémonie de bénédiction. «Un retraité devient un ainé, un notable, un conseiller, un point de référence». Selon l’Evangile, l’homme est fait pour voir Dieu mais les nuages des activités quotidiennes nous empêchent de le voir. En termes plus clairs, «l’homme n’est pas fait directement pour travailler ou peiner au travail. C’est parce qu’il y a eu cette rupture en Dieu et l’homme que finalement chacun de nous doit travailler à la sueur de son front»… c’est donc à la faveur de cette modeste cérémonie de bénédiction que nous avons profité aborder d’autres sujets avec l’archevêque.

Monseigneur vous l’avez dit, le retraité doit être quelqu’un qui donne des conseils et dit ce qui existait par le passé et ce qu’il y a aujourd’hui. Nous parlons actuellement du cinquantenaire du Burkina. Que vous inspire le choix de Bobo pour abriter les festivités?
A.T.S : Le fait que les autorités du pays aient décidé de faire cette célébration ici à Bobo-Dioulasso est un honneur mais, c’est à la fois une responsabilité pour nous qui avons connu la célébration de l’indépendance. En même temps, je me dis que c’est dans la ligne quand même d’une certaine histoire, en ce sens que quand on parcourt l’historique de ce qui a été le bassin du Haut-Sénégal-Niger, le territoire de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, on voit que Bobo-Dioulasso depuis le 11e siècle a été une plaque tournante. Il y a des populations qui se reconnaissent maintenant comme des Burkinabè parce que depuis des siècles elles étaient ici ou elles passaient par là ; elles avaient des petites boutiques. Tout cela existait avant le CFA (comptoir français d’Afrique). Ces gens là étaient présents avant que les Français n’arrivent. Que cette fête se déroule à Bobo, cela ne concerne pas seulement les hommes de Sya ou les gens de Bobo ou la région de Bobo. C’est toutes les communautés (on dit étrangères mais il y en a qui disent qu’ils étaient là avant que Bobo n’ait 20 mille habitants) qui vont se remémorer ce qui a été vécu. L’histoire qui petit à petit soude les peuples. C’est l’histoire qui permet à des villages, les uns à côté des autres, de devenir une cité et qui permet à des cités sont ensemble de devenir une royauté, ou une république, ou une monarchie…


C’est en cela que se fabrique l’esprit citoyen, l’esprit national et même africain avec l’intégration. Ici, la région ou la ville apparaît comme emblématique. Mais une fois encore, c’est une responsabilité et un honneur.
Pensez vous que les fils de Bobo pourront relever le défi de l’organisation de cette célébration ?
A.T.S : Les fils de Bobo-Dioulasso, qui sont-ils ? Vous avez certainement eu des échos de la journée des communautés qui vient de se dérouler à Bobo où on a donné un signe distinctif ou une décoration à des non-Burkinabè. Il y a un qui a dit «je suis plein d’émotion parce que cela fait des années, depuis mes parents que je suis ici».
Je pense que tous ces gens vont rentrer d’avantage dans la célébration du cinquantenaire. Alors les fils de Bobo-Dioulasso, je vois mon frère du Tchad, mes amis du Cameroun, il y a surtout les Nigerians (Yoruba, Haoussa) avec lesquels j’ai moi-même grandi…
Le défi, c’est d’arriver à l’animation. Il y a des réalisations qui sont faites pour la population mais avec cette célébration on se sent d’avantage Burkinabè ; on se sent d’avantage chez soi. Dans tous les cas nos maisons sont là. On n’ira pas ailleurs.
Le plus important, c’est l’animation et en cela les hommes de la communication ont beaucoup à faire. Au lieu de montrer des images d’un certain niveau, il faut plutôt montrer comment tout cela se vit et se prépare dans les petites cités. Il y a le lieu de la célébration officielle mais comme dans les fêtes traditionnelles, les gens sont dans les lieux où on s’amuse. Par exemple ici, tout le monde se dirige vers les masques mais si vous remarquer bien, au bout d’un certain temps, les notables ne sont pas là. Où se trouvent-ils ?
Ils sont à autre chose. C’est tout cela qui fait la fête. Il ne faut pas que ce soit monolocalisée. Comment animer tout le monde pendant le cinquantenaire. Je pense par exemple à mes voisins de Koudougou et de Yorokoko… s’ils sont dans le coup, ils peuvent faire ressusciter tout un ensemble de pratiques qu’ils ont toujours fait ici à Bobo mais progressivement devant la modernité ils ont abandonné. J’étais tout dernièrement au Nigeria (à Joss) et c’est comme si j’étais chez moi. Là-bas, il y a le diocèse de Laafia alors que moi j’habite Laafiaso (la maison de Laafia).
Nous les religieux, c’est ce que nous souhaitons. Au lancement de la RTB2, c’est ce que nous avons voulu montrer. Les protestants tous étaient là pour la paix.
Il n’y a pas une paix pour les Bobos et une autre pour les Haoussas. Alors animez nous pour que nous puissions massivement participer. Les religions aussi c’est noter objectif.o

Drissa KONE/ Bobo-Dioulasso

 
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